Ce guide propose des réponses à un problème insoluble. Il ose se consacrer à la situation la plus difficile qu’un être humain puisse subir au cours de son existence : perdre un être cher par un acte criminel ou apprendre sa disparition… mais à l’étranger, c’est-à-dire sans pouvoir compter sur les protections propres à notre pays et qui constituent le socle de notre civilisation et les bases de notre sécurité la plus élémentaire.

 

Quand un être cher est porté disparu ou assassiné dans un pays étranger, tous les dogmes de la vie en société, que nous croyions si solides, s’effondrent. Il faut survivre à l’annonce de la terrible nouvelle. Il faut annoncer la nouvelle nous-même, puisque personne d’autre ne s’en chargera. Il faut gérer la confrontation aux médias : répondre aux questions, diffuser les informations. Il faut entreprendre des démarches ou des procédures sans commune mesure pour comprendre ce qui s’est passé : rapatrier le corps, entreprendre des recherches. Il faut se débrouiller de loin, en jonglant avec les autorités étrangères, en devant subir les différences de langue et de culture. Il faut apprendre à se passer des droits si chèrement acquis, si chers à notre pays, qui n’existent plus dès que l’on traverse la frontière. Il faut apprendre à subir des conséquences sans fin; il faut apprendre à s’adapter à l’impossible. Il faut apprendre à rester digne et ne pas croire les autres, quand ces derniers iront jusqu’à accuser la victime d’être responsable de son propre sort. Et il faut faire tout cela en représentant autant sa propre souffrance que la mémoire du défunt; il faut entrer dans le deuil en comprenant que l’on est aussi confronté au crime,
le tout en plein centre d’un vide juridique comme social.